Attentats contre Hitler

 

De 1921 à 1945, une quarantaine d'attentats furent commis contre Hitler ; ils échouèrent avant leur réalisation ou en raison des circonstances. Les plus connus et les plus spectaculaires sont certes celui de Johann Georg Elser en 1939 et celui du 20 juillet 1944, mais il ne faut pas oublier tous ceux qui, organisés en petits groupes ou seuls, voulaient libérer l'Allemagne et, à partir de 1939, l'Europe du régime nazi, ce qui n'était envisageable qu'en éliminant Hitler, chef suprême des forces armées, auquel l'armée, sans le soutien de laquelle un changement de régime n'était pas possible, avait prêté sur l'honneur un serment de fidélité. Et effectivement, le putsch à Berlin et à Paris du 20 juillet aurait pu réussir si l'attentat n'avait pas échoué, mais l'armée, lorsqu'elle a appris que son chef suprême était encore en vie, ne pouvait pas être du côté des putschistes.
Une difficulté de taille pour l'organisation d'un attentat consistait à se procurer des explosifs, ce qui était très difficile, surtout pour des officiers qui étaient immédiatement soupçonnés de vouloir préparer un putsch. Les résistants s'exposaient donc au danger de mort par le simple fait d'essayer de se procurer de l'explosif et des détonateurs.
Il était de plus extrêmement difficile de planifier un attentat, car Hitler, qui était bien sûr toujours entouré de sa garde personnelle de SS, ne donnait jamais d'indications précises sur son emploi du temps, et déterminait à la dernière minute l'heure à laquelle il arriverait à un rendez-vous et le moyen de transport qu'il utiliserait pour s'y rendre. Hitler, qui savait très bien qu'il était constamment exposé à des tentatives d'attentats, restait toujours imprévisible.

Principaux attentats contre Hitler:

1933

Le 4 mars, le menuisier Kurt Lutter et quelques camarades du KPD, parti communiste allemand, voulaient tuer Hitler en faisant exploser une bombe lors d'un meeting de campagne électorale à Königsberg. Mais il furent dénoncés et arrêtés la veille de leur tentative d'attentat, et finalement libérés à la fin de l'année 1933 par manque de preuves. 

1934

La tentative d'attentat de Dr. Josef "Beppo" Römer échoua ; il essaya en 1942 de préparer d'autres attentats, mais il fut exécuté en 1942 avec d'autres résistants.

Le groupe du Dr. Helmuth Mylius essaya de commettre un attentat, mais ces hommes furent arrêtés avant de pouvoir le réaliser ; on ne sait pas ce qu'ils sont devenus.

1936

Le 4 juillet, l'étudiant juif Helmut Hirsch voulut assassiner Hitler à Nuremberg, mais fut arrêté peu de temps avant l'attentat. Il fut accusé de haute trahison, condamné à mort le 8 mars 1937 et exécuté le 4 juin 1937.

1939

Le menuisier Johann Georg Elser, qui voulait à tout prix éviter la guerre et mettre fin à la dictature, plaça une bombe le 8 novembre 1939 dans le Bürgerbräukeller à Munich où Hitler commémorait chaque année sa tentative de putsch du 9 novembre 1923, et où le dictateur devait comme chaque année tenir un discours de 20h30 à 22h00. Elser régla le minuteur pour 21h20. Mais Hitler échappa à la détonation, qui tua huit personnes, parce qu'il partit à 21h07 pour ne pas manquer son train, car il n'était pas sûr de pouvoir utiliser son avion privé le lendemain, en raison du brouillard. Elser voulait fuir en Suisse, mais fut arrêté par la Gestapo à la frontière une heure avant l'explosion, en raison du contenu suspect de ses bagages. A la mi-novembre, il fut transféré à Berlin, puis interné dans les camps de concentration de Sachsenhausen et de Dachau. Peu avant la fin de la guerre, le ministre du Reich Heinrich Himmler ordonna l'exécution d'Elser, qui fut fusillé le 9 avril 1945 à Dachau.

1941

Le feld-maréchal Erwin von Witzleben, commandant en chef des territoires occupés de l'Ouest à Saint-Germain, cherchait depuis 1940 à rallier des membres de l'état-major à ses projets d'attentat.  Il parvint à réunir entre autres le capitaine de cavalerie Graf von Waldersee, membre de l'état-major du commandant de Paris, ainsi que le commandant Alexander von Voß et le capitaine Graf Schwerin von Schwanenfeld, qui faisaient tous deux partie de l'état-major de von Witzleben. Ils étaient en contact avec Goerdeler et Hassell, qui les encourageaient à commettre l'attentat. Goerdeler se rendit à plusieurs reprises à Paris, afin d'assurer au capitaine Graf Waldersee que toutes les mesures à accomplir lors du putsch contre Hitler étaient mises en place et que l'on pouvait procéder à son assassinat. Il était prévu d'abattre Hitler sur sa tribune, Place de la Concorde, lors d'un défilé militaire sur les Champs-Élysées qui devait avoir lieu en mai 1941. De plus, Graf Schwerin, officier d'ordonnance de von Witzleben, était prêt à lancer une grenade sur Hitler si l'occasion se présentait. Mais le dictateur annula au dernier moment le défilé militaire à Paris et ne vint pas.

Beppo Römer tenta à plusieurs reprises de 1941 à 1942 des attentats à Berlin.

1943

Les généraux Hubert Lanz et Hans Speidel et le colonel Hyazinth Graf von Strachwitz décidèrent au quartier général du groupe d'armées B à Walki en Russie, d'arrêter Hitler à l'aérodrome de Poltawa avec un contingent soigneusement choisi de la division blindée sous le commandement de von Strachwitz, et de l'abattre en cas de résistance, avec laquelle il fallait bien évidemment compter. Le feld-maréchal Rommel était également informé de ces plans, mais il était alors en Afrique. Mais Hitler atterrit contre toute attente à Saporoshe et non à Poltawa.

Le 13 mars 1943, Hitler était à Smolensk. Pendant le dîner, Henning von Tresckow, chef d'état-major de la deuxième armée, demanda à Brandt, un colonel accompagnant Hitler, de bien vouloir acheminer à Berlin un petit paquet soi-disant destiné au colonel Stieff. Le paquet, contenant apparemment deux bouteilles de Cointreau, dissimulait une bombe composée de deux mines et d'un détonateur à acide. Quand Hitler partit prendre son avion, accompagné par Henning von Tresckow, Fabian von Schlabrendorff alla lui aussi à l'aérodrome avec le paquet d'explosifs. Lorsqu'il fut sûr que Brandt montait dans le même avion que Hitler, Schlabrendorff appuya sur le paquet pour briser l'ampoule d'acide, puis donna le paquet d'explosifs à Brandt. La bombe était réglée de manière à ce qu'elle explose au bout de 30 minutes, mais Hitler atterrit sans problème deux heures plus tard. Les conspirateurs en informèrent alors le groupe putschiste à Berlin et récupérèrent le paquet avant qu'il n'explose. Il s'est avéré que le détonateur avait fonctionné correctement ; on présume que la bombe n'a pas explosé en raison du froid.

Après cet attentat échoué, Rudolph Christoph Freiherr von Gersdorff fut prêt à sacrifier sa vie en tuant Hitler au moyen de mines qu'il avait dissimulées dans les poches de son manteau. C'étaient les  deux mines anglaises qui avaient été auparavant cachées dans l'avion de Hitler, avec le seul détonateur adaptable que les conspirateurs aient pu trouver, et qui devait faire exploser la bombe dix minutes après son amorçage - il était impossible de procéder différemment. L'attentat devait avoir lieu lors d'une exposition à Berlin, mais il échoua en raison du départ prématuré de Hitler, qui n'est resté que deux minutes regarder l'exposition, avant de sortir du bâtiment pour parler avec des soldats blessés. Von Gersdorff, qui ne pouvait pas suivre Hitler sans être suspecté et arrêté immédiatement par la garde personnelle du dictateur, dut alors désamorcer les mines.

1944

Claus Schenk Graf von Stauffenberg, le lieutenant Fritz-Dietlof Graf von der Schulenburg, le lieutenant von Kleist et le capitaine Axel Freiherr von der Bussche-Streithorst voulaient tuer Hitler le 11 février en faisant exploser une bombe lors d'une présentation d'uniformes dans la Wolfsschanze, le "Rempart des loups", le quartier général d'Hitler. Von der Bussche était prêt à dissimuler l'explosif dans la poche agrandie de son pantalon, à déclencher le détonateur et à se jeter sur Hitler pour l'empêcher de fuir jusqu'à l'explosion. Il devait utiliser un détonateur de grenade avec un mécanisme de retardement de 4,5 secondes qui était bruyant, mais il pensait pouvoir couvrir le bruit en faisant semblant de tousser pour s'éclaircir la voix. Il avait également un long couteau caché dans sa botte, au cas où le détonateur ne fonctionne pas. L'attentat échoua, car la présentation d'uniformes ne put avoir lieu, étant donné que le matériel à présenter avait brûlé dans le train qui le transportait lors d'un bombardement allié.

Le 11 mars, Claus Schenk Graf von Stauffenberg et son entourage chargèrent le capitaine de cavalerie Eberhard von Breitenbuch de tuer Hitler à coups de feu lors d'une réunion au Obersalzberg, où von Breitenbuch, en tant qu'officier d'ordonnance, avait l'une des rares opportunités de pouvoir approcher le dictateur. Mais l'attentat échoua en raison des mesures de sécurité renforcées : en dernière minute, il fut décidé d'interdire la présence des officiers d'ordonnance.

Claus Schenk Graf von Stauffenberg voulait faire un attentat à la bombe contre Hitler dans la Wolfsschanze le 6 juillet, mais ni Hitler ni Göring ne purent venir.

Enfin se présenta l'occasion tant attendue pour l'attentat, et von Stauffenberg fit sauter la bombe dans le quartier général d'Hitler le 20 juillet. Mais Hitler survécut, et les conjurés furent exécutés.