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Walter
BENJAMIN
Critique et
essayiste allemand d'origine juive (1892-1944). Après la prise du pouvoir par les nazis,
il s'installa à Paris, où il poursuivit son travail de critique. Il fut nommé en 1935
membre de l'Institut de sociologie de Francfort (dont le siège s'exila à Genève puis à
New York), ce qui lui permit d'assurer sa subsistance. Il rendit visite à
plusieurs reprises à Bertolt Brecht au Danemark. En 1936, son recueil de lettres
"Deutsche Menschen", dans lequel il déplorait la décadence des valeurs morales en Allemagne,
parut
chez un éditeur suisse. En 1938, il n'écouta pas les conseils de son ami Adorno et
refusa de s'exiler aux États-Unis, estimant qu'il y avait « en Europe des positions à
défendre ». Interné au camp de Nevers, puis au camp des Milles (près
d'Aix-en-Provence) en juin 1940, il tenta de fuir clandestinement aux États-Unis, mais il
fut arrêté à la frontière franco-espagnole et se suicida en septembre 1940.
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Georg BERNHARD
Professeur d'économie,
journaliste, politicien libéral de gauche, député au Reichstag du DDP ("Deutsche
Demokratische Partei") de 1928 à 1930, et rédacteur en chef du
journal berlinois "Vossische Zeitung". Georg Bernhard
s'exila à Paris où il fonda les journaux "Pariser Tageblatt"
et "Pariser Tageszeitung" destinés aux émigrants
allemands, mais qui furent également diffusés en Allemagne.
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Bertolt
BRECHT
Poète et
dramaturge allemand (1898-1956). Adversaire du régime nazi, il s'exila en 1933. Ses
uvres furent interdites en Allemagne. Son exil le conduisit en France, puis au Danemark,
en Finlande, en URSS et finalement aux États-Unis, où il séjourna jusqu'en 1947. Militant
antifasciste convaincu et engagé, il fut très prolifique pendant son exil. Il
publia de
nombreux poèmes politiques de circonstance, regroupés en 1939 dans le recueil
Les
Poèmes de Svendborg. En 1935, il rédigea un manifeste clandestin adressé aux
intellectuels allemands, dans lequel il dénonçait la propagande nazie. La même année, il
exposa dans un essai (Cinq difficultés que l'on rencontre en écrivant la
vérité) sa
conception du théâtre épique, qui représentait pour lui un instrument de lutte politique
et sociale. Pendant ses quatorze années d'exil, Brecht écrivit et fit représenter de
nombreuses pièces antifascistes : Grande Peur et Misère du Troisième Reich (1935-37),
Têtes rondes et têtes pointues (1936), Les Fusils de la mère Carrar (1937),
Mère
Courage et ses enfants (1937-38), Le Procès de Lucullus (1939), La Résistible Ascension
de Arturo Ui (1941), Les Visions de Simone Machard (1942-43), La Bonne âme de Se-Tchouan(1943),
La Mère Courage (1943). Les pièces qu'a écrites Brecht pendant son exil sont de
virulents réquisitoires contre le nazisme et des appels à la lutte antifasciste,
exprimés la plupart du temps sous la forme de paraboles ou d'allégories.
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Lion
FEUCHTWANGER
Romancier et
nouvelliste allemand d'origine juive (1884-1958). Lion Feuchtwanger était un pacifiste et antimilitariste
engagé. Son roman Le Juif Süss, paru en 1925, connut un grand
succès et fut traduit en une vingtaine de langues. Ce livre dénonçait
l'antisémitisme ; Lothar Mendes réalisa son adaptation
cinématographique en 1934, mais cette version fut malheureusement moins
connue que le film de Veit Harlan, réalisé en 1940 dans le cadre de la
propagande nazie, qui reprenait le thème du juif Süss à des fins de
propagande antisémite. Cette version nazie fut diffusée dans le Reich,
dans les pays occupés par l'Allemagne, mais aussi dans les camps de
concentration, pour convaincre les bourreaux nazis de la soi-disant
"nécessité" de la Solution finale.
En janvier 1933, il était aux États-Unis lorsque les SA mirent à sac sa maison à
Berlin, confisquèrent ses biens, le privèrent de sa nationalité, de son titre de docteur, et
interdirent ses livres. Il s'exila alors en France, et trouva refuge à Sanary-sur-mer,
dans le Var, où il fonda avec Brecht et Bredel le journal "Das Wort", la plus importante
publication antifasciste des écrivains émigrés allemands. En 1936, il publia
Le Faux
Néron,
roman historique qui est une métaphore du nazisme. Il fut interné au camp des
Milles en mai 1940, mais parvint à échapper à la Gestapo et se réfugia aux
États-Unis, où il s'installa définitivement en 1941. Son livre Exil retrace
le parcours d'émigrants antinazis allemands.
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Hellmut
von GERLACH
Politicien
allemand libéral de
gauche (1866-1935). Hellmut von Gerlach, qui critiquait l'État autoritaire
de Guillaume II, devint l'un des dirigeants
pacifistes après la guerre de 1914-1918. Président de la Ligue des droits de
l'homme à partir de 1926, il s'exila à Paris en mars 1933, et s'engagea en
tant que journaliste et au sein d'organisations pacifistes allemandes
exilées. Il mourut à Paris le 1er août 1935.
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Waldemar
GURIAN
Journaliste
catholique d'origine juive. Il condamna de façon virulente le
national-socialisme et s'exila en 1934 en Suisse. Il publia en 1934 dans ses
Lettres allemandes ("Deutsche Briefe") des actualités d'Allemagne et des mises en
garde contre la politique ecclésiastique du national-socialisme. Gurian
critiqua fermement l'attitude des évêques allemands.
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Stefan
HEYM
Écrivain
allemand né en 1913. Il s'exila en 1933 à Prague, où il collabora à divers journaux
antifascistes. En 1935, il émigra aux États-Unis, où il publia de 1937 à 1939 la revue
"Das
Deutsche Volksecho". Il s'engagea dans l'armée américaine en 1943 et
assuma les
fonctions de conseiller pour la guerre psychologique. En 1944-45, il publia la revue
"Frontpost",
destinée aux soldats allemands. |
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Ernst JÄCKH
Politicien libéral,
cofondateur du parti libéral DDP ("Deutsche Demokratische Partei")
et président de l'Institut allemand d'Études politiques de Berlin. Il
s'exila à Londres, fut nommé directeur de la "New Commonwealth Society of
Justice and Peace", et enseigna à partir de 1940 à la Columbia
University de New York. Il fut conseiller des ministres des Affaires étrangères
britannique et américain.
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Hermann
KESTEN
Écrivain
et
éditeur allemand. De 1927 à 1933, il fut directeur des éditions
Kiepenheuer, à
Berlin. Il s'exila en 1933 à Paris, puis à Bruxelles, Nice, Londres et finalement à
Amsterdam, où il dirigea la plus importante des maisons d'édition allemandes en exil,
Allert de Lange. Comme Heinrich Mann ou Lion Feuchtwanger, il utilisa la forme du roman
historique pour dénoncer l'époque contemporaine et faire prendre conscience à ses contemporains de
la nature du régime nazi : il publia Ferdinand et Isabelle en 1936 et
Le Roi Philippe II
en 1938. Il dénonça le fascisme espagnol et dépeignit les atrocités de la guerre civile
dans Les Enfants de Guernica en 1939. En 1940, il s'exila à
New York où il acquit la
nationalité américaine.
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Johanna
KIRCHNER
En 1935, elle
s'exila en France et fonda à Forbach une association d'aide aux réfugiés allemands. A
partir de 1936, elle publia un bulletin d'information destiné aux ressortissants
allemands originaires de la Sarre, et s'engagea dans le Front populaire
antifasciste allemand fondé à Paris par Heinrich Mann. Elle fut internée lorsque la guerre
éclata,
puis livrée à la Gestapo par les autorités françaises. Elle fut exécutée à
Berlin-Plötzensee en 1944. |
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Hans Albert KLUTHE
Politicien libéral,
membre du DFP ("Deutsche Freiheitspartei"), parti libéral exilé. Hans
Albert Kluthe fut le rédacteur en chef du journal libéral exilé "Das
wahre Deutschland - Auslandsblätter der deutschen Freiheitspartei",
et établit le programme de la radio antifasciste allemande "Deutscher
Freiheitssender" qui émettait à partir d'Angleterre.
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Golo
MANN
Historien
allemand (1909-1994), fils de l'écrivain Thomas Mann. Il s'exila en 1933 et
enseigna en
France, à l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud et à l'Université de Rennes. En
mai 1940, il s'engagea dans l'armée française, puis il fut interné comme la plupart des
Allemands antifascistes séjournant en France. Il s'évada et parvint à gagner les
États-Unis où il enseigna dans diverses universités. |
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Heinrich
MANN
Écrivain
allemand (1871-1950). Il s'exila en 1933 en Tchécoslovaquie puis en France, avant de
trouver refuge en 1940 aux États-Unis, où il resta jusqu'à la fin de sa
vie. Humaniste et
militant antifasciste actif, il fonda à Paris le Front populaire antifasciste
allemand et publia plusieurs pamphlets contre le régime nazi. De 1935 à 1938, il
écrivit un long
roman historique, appel à la tolérance et à l'humanisme : Jeunesse et maturité d'Henri
IV,
personnage représentant pour lui le type même du dirigeant démocratique. Il
milita
activement au sein des cercles intellectuels européens et américains antinazis.
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Klaus MANN
Écrivain
allemand, fils aîné de Thomas Mann (1906-1949). Il s'exila en 1933 et
s'engagea
activement dans l'opposition intellectuelle et culturelle à la barbarie nazie, aux
côtés de son oncle Heinrich Mann, d'André Gide et d'Aldous Huxley. En 1933, il
fonda à
Amsterdam la revue antinazie "Die Sammlung". Il sillonna l'Europe pour mobiliser les
intellectuels contre le fascisme, donna des conférences, écrivit des articles virulents
contre le régime hitlérien, notamment dans le "Pariser Tageblatt", journal des Allemands
antinazis en France, et collabora au cabaret satirique dirigé par sa sur Erika,
"Die
Pfeffermühle" (Le Moulin à Poivre). En 1938, il se rendit en Espagne pour faire des
reportages sur la guerre civile ; il prit parti pour les Républicains dans ses articles
très polémiques. Pendant ses années d'exil, Klaus Mann publia plusieurs romans :
Fuite
au Nord (1934), Mephisto (1936) et Le Volcan (1939), dans lesquels il
évoquait la montée
du nazisme et dépeignait les différents courants de l'émigration allemande en Europe et
aux États-Unis. Il émigra en 1936 à New York et écrivit en 1942 son autobiographie
(Le
Tournant. Compte-rendu d'une vie), dans laquelle il témoigna de la montée du nazisme et
de son engagement. Il adopta la nationalité américaine et s'enrôla dans l'armée
américaine quand
les États-Unis entrèrent en guerre. Il se suicida en 1949 à Cannes.
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Thomas
MANN
Écrivain
allemand (1875-1955). Il s'exila en 1933, vécut d'abord en France, puis en Suisse, avant de
s'établir aux États-Unis. Il obtint la nationalité américaine et s'engagea activement
dans la lutte politique et littéraire contre le nazisme. Dans le récit symbolique
Mario
et le magicien, il dénonça les méthodes totalitaires du régime hitlérien. Il défendit
les valeurs spirituelles et morales, en particulier dans la tétralogie Joseph et ses
frères (1933-42), et dénonça la dénaturation par les nazis de la culture allemande, en
particulier de la mythologie germanique et de la pensée de Nietzsche. Dans ses discours
politiques, il souligna les cas de conscience, les conflits intérieurs, les déchirements
de l'Allemagne. Thomas Mann concilia l'action littéraire et politique : il
dénonça la
décadence des valeurs dans ses discours (Allocution allemande, 1930,
Avertissement à l'Europe, 1938) et prononça pendant la guerre cinquante-cinq allocutions radiophoniques
visant à provoquer en Allemagne une révolution contre la dictature nazie (Appels aux
Allemands, 1940-45).
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Hilde
MEISEL (Hilda MONTE)
Journaliste
allemande (1914-1945). Elle fuit l'Allemagne en 1933 et se réfugia à Londres, où elle
prit contact avec des opposants au nazisme. Elle se rendit à plusieurs reprises en
Allemagne sous un faux nom (Hilde Monte) pour y diffuser clandestinement des
informations, des lettres et des livres. Dans ses poèmes et nouvelles, elle
montra un
autre visage de l'Allemagne, et tenta dans son essai "The Unity of Europe" de
corriger la vision anglaise de l'Allemagne. Elle fut exécutée en 1945, alors qu'elle
tentait de franchir clandestinement la frontière entre l'Allemagne et la Suisse. |
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Friedrich
MUCKERMANN
Anthropologue
catholique allemand. En 1933, il perdit son poste à l'Institut d'anthropologie
Kaiser-Wilhelm de Berlin et se vit interdit de publication en raison de sa critique
engagée des thèses anthropologiques sur lesquelles se basait l'idéologie nazie. Il
s'exila en 1934 aux Pays-Bas, où il publia la revue "Der Deutsche Weg" (La
Voie allemande), dont de nombreux exemplaires furent diffusés clandestinement en
Allemagne. En 1936, Muckermann s'exila en Italie, en Autriche puis en 1942 à Paris, où
il dut fuir la police française qui voulait le livrer à la Gestapo. Il
parvint finalement
à gagner la Suisse en 1943.
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Willi
MÜNZENBERG
Vers la fin
de la Première Guerre Mondiale, Münzenberg se joignit au groupe Spartakus et
fonda pendant la République de Weimar un groupe de communication qui
regroupait des revues, des journaux, des maisons d'éditions et de production
cinématographique. En 1933, il émigra à Paris où il devint un
important porte-parole de la lutte contre le national-socialisme. Il
critiqua vivement la tendance stalinienne du KPD, dont il fut exclu en
1937. Il mourut pendant été 1940 dans des conditions qui ne furent jamais élucidées. |
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Hans
OETTINGER (Henry ORMOND)
Juriste
allemand né en 1901. Il perdit son poste de juge en 1933 à cause des lois racistes concernant
les fonctionnaires. Il s'exila en 1939, d'abord en Suisse, puis en Grande-Bretagne, où il
fut interné en tant que ressortissant d'un pays ennemi. Il fut transféré au Canada, où
il s'engagea dans la Royal Army. Hans Oettinger prit alors le nom de Ormond et
travailla
dans une unité de propagande. Il retourna en Allemagne avec les troupes britanniques, et
reprit après la guerre ses activités de juriste. Il se porta partie civile lors du
procès d'Auschwitz en 1962-63. |
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Anna
SEGHERS
Romancière
allemande d'origine juive (1900-1983). Militante communiste et antifasciste, elle
fut
arrêtée en 1933 puis relâchée. Elle se réfugia en France, puis en 1941 au Mexique,
où elle devint présidente du "Heine-Club", groupe d'écrivains antifascistes exilés. Elle
revint en Allemagne en 1947, et devint une personnalité culturelle de la RDA. Pendant
son exil, elle écrivit La Capitation (1933), Les Compagnons (1932),
Le Chemin de février
(1935) et La Septième Croix (1941), romans dans lesquels elle
dépeignait la montée du
nazisme et la lutte antifasciste dans l'Allemagne hitlérienne. Son roman Transit (1944)
décrivait les conditions de vie précaires et le destin tragique de réfugiés
allemands à Marseille.
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Ernst
TOLLER
Écrivain
allemand d'origine juive (1893-1939). Pacifiste et socialiste militant, il
fut contraint
à l'exil en 1933. Il partit aux États-Unis, où il milita contre le fascisme. Il se
suicida
à New York en 1939. |
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Hans VOGEL
Homme
politique allemand (1881-1945). Dirigeant du parti social-démocrate (SPD) à partir de
1931, il fuit la dictature nazie en 1933 et fonda à Prague la direction exilée du SPD,
la SOPADE, dont il prit la direction en 1939. Interné en France en 1940, il
s'enfuit aux
États-Unis en passant par l'Espagne et le Portugal. Puis il s'exila à Londres, où il
collabora à divers groupes de résistants socialistes exilés. |
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Konrad
WOLF
Cinéaste
allemand né en 1925. Il émigra en 1933 en Suisse, en France puis finalement en 1934 en URSS.
De 1942 à 1948, il fut soldat dans l'armée soviétique et prit part aux combats pour la
prise de Berlin. Il travailla ensuite pour l'administration militaire soviétique, avant
de devenir l'un des plus importants cinéastes de la RDA et le président de l'Académie
des Arts de la RDA. |
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Carl
ZUCKMAYER
Dramaturge
allemand (1896-1977). Il émigra en 1933, d'abord en Autriche, puis en Suisse. De 1939 à
1946, il trouva refuge aux États-Unis. Pendant son exil, il écrivit une pièce,
Le Général
du Diable, qui dépeint la crise de conscience d'un nazi repenti qui finit par se
suicider. |
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