La montée du nazisme

 

Le NSDAP

Idéologie

Le NSDAP (Nationalsozialistische Deutsche Arbeiterpartei, parti ouvrier allemand national-socialiste) s'opposait au marxisme, au socialisme, à l'individualisme, au pacifisme, au capitalisme, ainsi qu'au système parlementaire démocratique. Il puisait ses fondements dans différentes théories et philosophies, qu'il amalgamait à sa guise.
La facette dominante de la doctrine nazie devint l'antisémitisme : Hitler exigea l'extermination de la "race" juive qui selon lui "menaçait de destruction" le peuple allemand. Le but du nazisme était de défendre le "Blut und Boden" ("sang et territoire") allemands contre la soi-disant "conspiration juive" et de rendre sa force à la "race nordique", destinée en tant que "Herrenvolk" ("peuple des seigneurs") à régner sur les "races inférieures".
Le national-socialisme prêchait la dissolution sans conditions de l'individu dans la "communauté raciale" et la croyance en un Führer charismatique, le culte du Führer : "Führer befiehl, wir folgen" ("Führer ordonne, nous suivrons").
Mais avant tout, le nazisme se caractérisait par tout ce qu'il rejetait, ce qui lui permit de trouver beaucoup d'adeptes qui retrouvaient dans une partie de l'idéologie nazie un point commun avec leurs propres convictions. Le "mouvement" rassembla rapidement les insatisfaits déçus de la démocratie parlementaire, et soutenant les exigences du NSDAP en ce qui concernait l'autarcie économique, la politique d'expansion, la libération des contraintes du "Diktat" de Versailles et l'opposition au bolchevisme.

 

Programme

Le programme en 25 points du parti national-socialiste, élaboré en 1920, fut proclamé intangible au congrès de Bamberg en 1926. Il comportait quatre axes principaux :
 

nationalité allemande
Le programme en donnait une définition biologique : c'était la loi du sang qui était déterminante. La "race aryenne" devait être protégée et développée par l'encouragement de la natalité, l'éducation et la culture physique. Pour les non-aryens (principalement les juifs) était prévue une législation raciste : interdiction d'exercer une fonction publique ou des activités de presse, contrôle de l'immigration, expulsion des juifs en cas de crise.

vocation de la nation allemande
Les frontières établies étaient remises en cause et le programme revendiquait l'abrogation des traités de 1919 qui réglaient les frontières, la conquête d'"espace vital", l'annexion de l'Autriche, de la Haute-Silésie, du Schleswig, des Sudètes et de l'Alsace-Lorraine pour former une "Grande Allemagne" comprenant les Allemands vivant hors des frontières. Le programme exigeait l'abrogation du traité de Versailles et l'égalité des droits pour la nation allemande. 

organisation de la nation allemande
Le programme prévoyait un État centralisé dirigé par le principe du Führer : "Ein Reich, ein Volk, ein Führer", le droit au travail des Allemands, le service militaire obligatoire (interdit par le traité de Versailles), le contrôle de l'éducation, de la presse, de l'Art et de la littérature. La liberté religieuse était tolérée "à condition qu'elle ne mette pas en danger l'existence de l'État et qu'elle accepte le principe de la supériorité de la "race germanique" ". 

programme économique et social
Le programme économique et social était anticapitaliste et antilibéral ; il prévoyait la protection des classes moyennes menacées par le capitalisme, le droit et devoir de travailler, la nationalisation des trusts, l'obligation pour les patrons de grandes entreprises de faire participer les employés aux bénéfices, et une réforme agraire consistant en la réquisition sans indemnités des grands domaines. Ces points n'ont pas été rédigés par Hitler. Les aspects socialistes furent nuancés en 1927 par la reconnaissance de la propriété privée, le parti étant financé par des industriels.

 

Organisation

L'organisation du parti était très hiérarchisée et non-démocratique.
-Au sommet, Hitler, le Führer.
-Les SS, garde privée de Hitler, créée en 1925.
-Les SA, sections d'assaut, organisation paramilitaire servant de moyen d'intimidation.
-La propagande, dirigée par J. Goebbels, qui mobilisait les masses au moyen du journal du parti et de réunions publiques.
-La PO1 (organisation politique n°1), qui avait pour mission d'attaquer et de saper le gouvernement.
-La PO2, gouvernement fantôme.
-Des circonscriptions, les Gaue, divisées en Kreise, puis au niveau local en Ortsgruppen, eux-mêmes subdivisés en groupes d'immeubles, furent créées en Allemagne, en Autriche, à Danzig et dans les Sudètes.
-Organisations nazies : jeunesses hitlériennes, groupes socioprofessionnels, ligue des femmes allemandes, etc. ...

Cette structure fut créée à partir de 1925, lors de la réorganisation du parti par Hitler ; elle se remplit pendant la crise par l'afflux dans le parti des classes moyennes appauvries, et le NSDAP devint ainsi un instrument redoutablement efficace de conquête du pouvoir.

 

Conquête du pouvoir
1919

Hitler adhère au DAP (Parti des ouvriers allemand), groupuscule ultra-nationaliste, anticapitaliste et antisémite d'une soixantaine de membres. Il s'impose rapidement au sein du parti.

1920

Le 24 février est fondé au Hofbräuhaus de Munich le parti national-socialiste ; le DAP devient le NSDAP.

1921

Hitler devient président du NSDAP avec des pouvoirs illimités. Le parti s'organise selon le Führerprinzip. Hitler s'entoure d'hommes qui vont l'aider à conquérir le pouvoir : Rudolf Heß, Ernst Röhm, plus tard Hermann Göring et Joseph Goebbels. Hitler noue des relations avec de riches industriels qui financent le parti. Celui-ci comporte 3 000 membres lors du premier congrès du NSDAP.

1922

Au deuxième congrès du NSDAP, le parti compte 6 000 membres.

1923

Au troisième congrès, le parti a 22 000 membres. Le 9 novembre, la tentative de putsch à Munich se solde par un échec ; Hitler est emprisonné et rédige "Mein Kampf" en prison.

1924

Le 4 mai ont lieu des élections au Reichstag. C'est un succès pour les communistes (3 700 000 voix) et pour le NSDAP (1 900 000 voix).

1925

Hitler sort de prison. Il réorganise le parti qui s'était disloqué en son absence.

1926

Hitler convoque un congrès du NSDAP à Bamberg et reprend les rênes du parti.

1928

Le 20 mai, aux élections législatives, les communistes obtiennent 3 200 000 voix, le NSDAP 800 000 voix.

1929

La crise économique mondiale touche durement les Allemands, en particulier les classes moyennes. Cela entraîne un afflux de membres dans le parti.

1930

La crise profite aux nazis. Lors des élections au Reichstag, les socialistes obtiennent 143 sièges, les nazis 107 (6 400 000 voix), les communistes 77 (4 500 000 voix). Pour beaucoup d'électeurs, c'est un vote de protestation contre la République de Weimar, qu'ils jugent impuissante face à la crise.

1932

Au premier tour de l'élection présidentielle, Hindenburg obtient 18 661 000 voix, Hitler 11 338 000 voix et Thälmann (communiste) 4 982 000 voix. Au second tour, Hindenburg l'emporte avec 19 367 000 voix, contre 13 419 000 pour Hitler et 3 706 000 pour Thälmann.
En avril, le NSDAP l'emporte lors des élections régionales en Prusse, Bavière, Wurtemberg et Hambourg.
Le NSDAP obtient 230 sièges au Reichstag (13 732 000 voix) aux élections du 31 juillet. Les socialistes ont 133 sièges, les centristes 97, et les communistes 89 (5 200 000 voix).
Le 12 septembre, une motion de censure est votée contre le gouvernement von Papen ; le Reichstag est dissous.
Le 6 novembre, les nazis obtiennent 196 sièges au Reichstag (11 750 000 voix).
Le 17 novembre, von Papen démissionne.
Le 19 novembre, un groupe d'industriels et de financiers demande que Hitler soit nommé chancelier.
Le 24 novembre, Hitler refuse ce poste, car Hindenburg ne lui accorde pas les pleins pouvoirs.
Le 2 décembre, von Schleicher est nommé chancelier.

1933

Les intrigues continuent : le 4 janvier, Hitler a une entrevue avec von Papen, le lendemain avec des industriels qui lui assurent le soutien des milieux d'affaires.
Le 28 janvier, les négociations et les intrigues aboutissent à la chute du gouvernement von Schleicher.
Le 30 janvier, Hindenburg nomme Hitler chancelier.