L'Orchestre Rouge

 

Au début des années 30 se formèrent des cercles de résistance autour du conseiller supérieur du gouvernement et scientifique Arvid Harnack et du lieutenant Harro Schulze-Boysen, employé au ministère de l'aéronautique. Ces deux cercles, qui rassemblaient une centaine d'opposants au régime nazi, se rejoignirent à la fin des années 30, et formèrent ainsi l'Organisation Harnack / Schulze-Boysen, qui fut nommée par la Gestapo l'Orchestre Rouge ("Rote Kapelle"). 

Les membres de cette organisation, unis par leur volonté de mettre fin au régime nazi et à la guerre, venaient d'horizons divers et de couches sociales différentes. Leurs activités étaient multiples. Pour attirer l'attention de la population allemande sur le caractère criminel du régime nazi, ils écrivirent de nombreux tracts et les distribuèrent. Grâce à la diversité de ses membres, le groupe put se procurer maintes informations sur les crimes et les projets du régime nazi, dont il voulait faire part à la population.


Mais le travail de résistance de ce groupe ne se limitait pas aux tracts et aux affiches. Lorsque les résistants apprirent le projet nazi de conquérir l'Europe, ils en avertirent les pays menacés. Ils informèrent entre autres l'Union soviétique de l'attaque imminente de la Wehrmacht, mais ils ne furent pas pris au sérieux. A partir de la fin de l'année 1941, ils coopérèrent avec les bureaux des renseignements soviétiques à Paris et à Bruxelles, sans pour autant devenir des agents soviétiques et perdre leur indépendance, comme les autorités nazies l'ont prétendu par la suite. L'organisation souhaitait plutôt œuvrer pour une Allemagne socialiste mais souveraine.

Le travail du groupe consista alors à rassembler des informations, à rédiger des tracts, à les reproduire et à établir le contact avec d'autres groupes de résistance à Berlin, à Hambourg, en Allemagne centrale et en Bavière. Le groupe réussit ainsi à élargir la zone de distribution de ses tracts, et parvint même à en envoyer aux soldats du front. Pendant l'hiver 1942, il entra en contact avec le groupe de résistance "La Rose Blanche" à Munich par l'intermédiaire du frère d'Arvid Harnack, Falk Harnack, qui rencontra des membres de ce groupe.

Outre le travail visant à informer la population allemande des crimes commis par le régime nazi, en particulier dans les territoires occupés à l'Est, l'organisation œuvrait de toutes ses forces pour la défaite militaire de l'Allemagne nazie. Dans ce but, ils transmirent des secrets militaires à l'URSS par radio, à l'aide d'émetteurs fournis par les renseignements soviétiques. Les transmissions présentaient un grand risque, et les résistants devaient toujours changer très rapidement de lieu d'émission pour ne pas être découverts par la Gestapo. La maintenance et la réparation des émetteurs-radio posait de grands problèmes. Les membres du groupe organisèrent des rencontres avec des agents parachutistes soviétiques qui pouvaient alors effectuer les réparations les plus compliquées.

A la fin de l'année 1942, l'organisation fut démantelée par la Gestapo, et 119 personnes furent arrêtées. 50 personnes furent condamnées à mort et exécutées.