La République de Weimar

 

1918

Fin de la guerre et révolution en Allemagne
A la fin de l'été 1918, le maréchal Hindenburg, chef d'état-major de l'armée impériale, et Ludendorff, maréchal des logis, considérèrent que la situation militaire était sans espoir. C'est pourquoi ils demandèrent le 28 septembre au gouvernement du Reich d'envoyer immédiatement aux Alliés une proposition d'armistice. Le gouvernement, craignant de la part des Alliés de dures conditions d'armistice, hésita mais finit par céder.
Le 3 octobre, le prince Max de Bade, chancelier du Reich, déclara - sans y être autorisé - que Guillaume II démissionnait, puis il démissionna lui-même et désigna le social-démocrate Friedrich Ebert comme son successeur.
Les négociations en vue de l'armistice devaient se baser sur les quatorze points établis par le président américain Wilson. Mais la condition préalable était que l'Allemagne adopte un système parlementaire. Par conséquent, le Reichstag modifia la Constitution le 28 octobre. Deux jours plus tôt, Ludendorff avait démissionné ; il laissait aux civils la responsabilité d'assumer les conséquences de l'échec militaire.
Le 29 octobre, les marins de Wilhelmshaven se mutinèrent ; le 4 novembre eut lieu une révolte de soldats à Kiel, suivie le 7 novembre d'une autre révolte de soldats, cette fois-ci en Bavière. Des conseils d'ouvriers et de soldats se constituèrent dans toute l'Allemagne, sous l'influence de l'extrême-gauche menée par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg.
Du 8 au 11 novembre eurent lieu à Compiègne des négociations pour l'armistice. Étant donné la situation militaire, la délégation allemande, dirigée (avec l'accord de l'état-major) par le député centriste Matthias Erzberger, n'était pas en mesure de poser des exigences ; Hindenburg reconnut lui-même qu'il n'y avait aucune alternative à cet armistice. Pendant ce temps, les troubles s'accentuèrent ;fusillades dans les rues de Berlin le 9 novembre éclata la révolution à Berlin. L'empereur Guillaume II abdiqua ; le jour même, la République fut proclamée. Ebert fut nommé chancelier. Parallèlement, Liebknecht proclama la République socialiste. Mais l'armée (Reichswehr) soutint le nouveau gouvernement d'Ebert, qui l'emporta au détriment de l'extrême-gauche.
Le 10 novembre, Guillaume II se réfugia en Hollande. L'armistice fut signé le 11 novembre, et Guillaume II renonça à ses droits à la couronne de Prusse le 28 novembre.
Le fait que l'armistice ait été signé par la République, et non par les généraux de l'armée impériale qui avaient mené la guerre, fut lourd de conséquences. L'Allemagne dut accepter la capitulation sans conditions. Le mécontentement était grand, et la légende du "coup de poignard dans le dos" (expression de Hindenburg) naquit alors : les troubles intérieurs qui avaient fait naître le nouveau régime furent considérés par certains comme la cause de la défaite alors qu'ils en étaient la conséquence. La République fut accusée par la droite radicale d'avoir trahi les intérêts de l'Allemagne en acceptant la capitulation sans conditions. Cette légende correspondait à un besoin psychique de beaucoup d'Allemands : les atrocités de la guerre s'étaient révélées absurdes, et la droite radicale ressentait le besoin de trouver un bouc émissaire pour s'expliquer cette défaite : Matthias Erzberger fut assassiné en 1921.

1919

Constitution de la République de Weimar et Traité de Versailles
Début janvier, la révolte spartakiste de Berlin, menée par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, fut écrasée. L'assemblée constituante fut élue le 19 janvier ; elle se réunit à Weimar,  lieu plus sûr que Berlin en raison des troubles. Elle élut Friedrich Ebert Président de la République et forma une coalition gouvernementale composée du SPD (sociaux-démocrates), du DDP (libéraux) et du Zentrum (centre), qui devait faire face aux difficultés de l’après-guerre et préparer une Constitution.
Le 23 juin, l'assemblée constituante accepta le traité de paix, qui fut signé à Versailles le 28 juin. L'Allemagne dut reconnaître son entière responsabilité pour la guerre (art. 231), et dut de ce fait se soumettre aux exigences des vainqueurs : perte de territoires, démilitarisation, paiement de réparations. Ce fut une humiliation pour les Allemands, qui considérèrent ce traité comme un Diktat.
Le 31 juillet fut votée la Constitution de Weimar. Le nouveau régime était une démocratie parlementaire ; il fut mal accepté par beaucoup d'Allemands, certains étant restés fidèles à la monarchie, d'autres souhaitant un État communiste.
La République de Weimar n'était pas basée sur un consensus et se construisit donc sur des bases fragiles.

1920-23

Années de crise
La République fut confrontée à de nombreux problèmes : la situation économique était catastrophique ; putsch de Kapp et Lüttwitzla crise, l'inflation et le chômage s'accentuèrent avec l'occupation de la Ruhr par les troupes françaises en 1923. Les soulèvements et tentatives de putsch des partis extrémistes - de gauche comme de droite - se multiplièrent : en 1920, putsch de Kapp et Lüttwitz, en 1923, putsch de Hitler à Munich.

1924-28

Phase de stabilité politique
La République de Weimar fut momentanément consolidée par le redressement de la situation économique et financière grâce à l'allègement des réparations (plan Dawes, 1924, plan Young, 1929), et par la normalisation des relations diplomatiques, notamment avec l'Union Soviétique (traité de Rapallo, 1922) et la France (traité de Locarno, 1925), due à la politique étrangère de Gustav Stresemann, facilitant, en 1926, l'admission de l'Allemagne dans la Société des Nations.

1929-33

Agonie de la République
La crise économique mondiale de 1929 eut des répercussions désastreuses en Allemagne, dont l'économie dépendait étroitement des États-Unis ; on assista à une montée fulgurante du chômage, qui prit des proportions inquiétantes. De nombreux chômeurs s'engagèrent alors dans des organisations extrémistes nazies ou communistes, qui leur faisaient miroiter la perspective d'un régime fort, capable d'apporter une réponse à leurs problèmes.
La situation économique accentua les difficultés politiques : l'instabilité gouvernementale, liée au mode de scrutin à la proportionnelle qui favorisait le jeu des partis, aboutit à une crise du régime en 1930, lorsque les partis extrémistes gagnèrent des voix aux élections. Cela s'accentua aux élections de 1932. Il s'avéra de plus en plus difficile pour le gouvernement de manœuvrer entre ces deux extrêmes, et un glissement de la démocratie parlementaire vers un régime présidentiel s'opéra alors. En effet, la Constitution de Weimar prévoyait la possibilité d'un renforcement du pouvoir présidentiel en cas de menace de la démocratie (articles 48, 25 et 53). Mais le 30 janvier 1933, Hitler, soutenu par les grands industriels qui souhaitaient un régime stable et fort face au communisme, fut nommé chancelier par le président Hindenburg, chef d'état-major pendant la guerre, élu Président de la République en 1925, qui se laissa convaincre par l'ancien chancelier von Papen, ainsi que par les industriels Krupp, Thyssen, Siemens et par le banquier Schröder d'appeler Hitler au pouvoir. Les intrigants qui ont mené Hitler au pouvoir pensaient pouvoir "domestiquer" les nazis en les confrontant avec l'exercice du pouvoir.